Par le Pr François De Carufel, Louvain, Belgique
L’éjaculation prématurée est la dysfonction sexuelle masculine la plus fréquente. Elle affecte près de 30 % des hommes et peut être à l’origine de problèmes psychologiques et relationnels importants. Il n’est pas rare, en effet, de voir les individus aux prises avec cette difficulté devenir anxieux ou déprimés. Quant à leurs compagnes, si nombre d’entre elles se montrent compréhensives au début de leur relation, plusieurs ne tardent pas à éprouver de la frustration et à manifester un intérêt moindre envers la sexualité (Masters et Johnson, 1970; McCabe, 1997; Rowland et al., 2004; Althof, 2006).
Heureusement, il existe aujourd’hui d’excellents traitements pour aider les couples à augmenter la durée de leurs activités sexuelles. Ces traitements peuvent être regroupés en deux catégories à savoir les interventions pharmacologiques (crèmes anesthésiantes, antidépresseurs de la classe des ISRS et, plus récemment, certains analgésiques centraux) et les interventions à base d’apprentissage (programme de Masters et Johnson et la thérapie sexofonctionnelle). Chacun de ces traitements possèdent ses avantages et ses inconvénients. Dans cet article, nous décrirons les caractéristiques de la thérapie sexofonctionnelle et nous verrons quelles en sont les applications.
Le traitement sexofonctionnel de l’éjaculation prématurée a été créé en 1986 au Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal par l’auteur de cet article en collaboration avec Desjardins. Ensuite, il a été expérimenté à l’intérieur de recherches conduites à l’Université du Québec à Montréal (de Carufel, 1996) et à l’Université de Louvain-La-Neuve (De Sutter, 2001). Il fut aussi l’objet d’un roman sexo-informatif (de Carufel et De Sutter, 2001) de publications dans des revues scientifiques internationales (De Sutter, Reynaert, Van Broeck et de Carufel, 2002; de Carufel et Trudel, 2006) et d’un livre (de Carufel, 2009).
Le traitement sexofonctionnel de l’éjaculation prématurée met l’accent sur le développement de la capacité de l’homme à gérer son excitation sexuelle. L’excitation sexuelle est –à part quelques cas anecdotiques d’anxiété extrême – la seule et unique cause de l’éjaculation, peu importe le moment où celle-ci a lieu. Lorsqu’un homme détient les connaissances et les habiletés nécessaires pour moduler le cours de son excitation, il peut conserver cette dernière à des niveaux inférieurs à celui qui déclenche le réflexe éjaculatoire et il devient alors capable de prolonger la durée de la pénétration. Ces connaissances et ces habiletés sont issues de la compréhension des réactions physiologiques qui se produisent à l’intérieur des différentes zones de la courbe de l’excitation sexuelle masculine et sont enseignées à l’intérieur d’un programme comportant douze séances.
LES ZONES DE LA COURBE DE L’EXCITATION SEXUELLE DE L’HOMME
Nous définissons l’excitation sexuelle comme une réaction neurologique apparaissant à la suite d’une stimulation sexuelle externe ou interne efficace. Elle est constituée d’une suite d’impulsions nerveuses provenant de la stimulation des terminaisons nerveuses d’organes cibles ainsi que de la mise en jeu (causée par une activation chimico-physiologique et une activité cognitive) de centres cérébraux spécifiques. Ces impulsions varient en quantité et en intensité et entraînent à leur tour des réactions physiologiques telles que l’érection du pénis, l’accroissement de la fréquence cardiaque, l’élévation de la pression artérielle, l’accroissement du rythme respiratoire ou l’augmentation de la tension musculaire. L’évolution de l’excitation sexuelle se transpose visuellement à l’aide d’une courbe où son intensité est portée en ordonnée et sa durée en abscisse. Du fait des particularismes inhérents à toute expérience sexuelle, chaque courbe possède son propre dessin. Les graphiques 2, 3 et 4 reproduisent le tracé qu’a suivi l’excitation de trois hommes différents*.
* Ces courbes nous ont été fournies par nos patients. Nous demandons souvent à ces derniers de tracer eux-mêmes le cours de leur excitation, après avoir participé à une activité sexuelle, et nous discutons ensuite avec eux de la façon dont s’est déroulée cette activité. Placer en bas de page
Graphique 1 – Courbe de l’excitation sexuelle (cas 1)
Graphique 2 – Courbe de l’excitation sexuelle (cas 2)
Graphique 3 – Courbe de l’excitation sexuelle (cas 3)
On voit que le premier homme a prolongé la durée de la pénétration. Le second a éjaculé peu après l’intromission. Le troisième a prolongé son plaisir sans atteindre l’orgasme*. Si instructives soient-elles, ces courbes ne nous procurent toutefois que peu d’information sur ce qui s’est réellement déroulé pendant ces activités sexuelles. Tout au plus nous renseignent-elles sur la durée et l’intensité de l’excitation**. Afin de récolter plus d’indices de la courbe de l’excitation sexuelle de l’homme, nous avons divisé celle-ci en quatre zones. Cette division est réalisée sur la base des réactions physiologiques qui se produisent au cours du cycle complet de la réponse sexuelle masculine. Nous allons débuter avec la description de la quatrième zone, celle de l’éjaculation, parce que c’est elle qui, de par sa nature réflexe, est à la source même de la difficulté à prolonger la durée de la pénétration.
* Nous appelons «orgasme» une décharge physiologique spasmodique (l’éjaculation dans le cas de l’homme) vécue avec plaisir. Il est important de savoir qu’il existe des décharges physiologiques ne sont pas appréciées. Certains individus sont tellement déçus d’eux-mêmes lorsqu’ils éjaculent trop tôt qu’ils ne prêtent pas attention aux spasmes de la décharge et ne les savourent pas. Dans d’autres cas, il s’avère impossible physiologiquement de priser ces décharges. En effet, certains hommes tendent leurs muscles tellement fort lorsqu’ils s’excitent que les spasmes s’expriment difficilement et ne peuvent être goûtés. A placer en bas de page
** Le lecteur aura remarqué que ces courbes diffèrent de la courbe de l’excitation sexuelle type décrite par Masters & Johnson (1966).
La quatrième zone : la zone de l’éjaculation
L’éjaculation est assurée par l’action de centres cérébraux et spinaux formant un réseau hautement coordonné. Les systèmes nerveux sympathique, parasympathique et somatique, activés par les divers stimuli sexuels, agissent en synergie pour provoquer les phénomènes physiologiques de la réponse éjaculatoire. L
‘éjaculation comprend deux phases, à savoir la phase d’émission et la phase d’expulsion (Graphique 4). Ces deux phases sont réflexes et se déroulent en succession (Benson, 1988). Lorsque l’excitation sexuelle devient suffisamment élevée, elle déclenche le réflexe d’émission. Ce réflexe se manifeste par des contractions involontaires des organes accessoires de reproduction. Des influx nerveux sympathiques efférents produisent des contractions péristaltiques des muscles lisses de l’épididyme et du canal déférent mettant ainsi en marche la progression des spermatozoïdes. Au même moment, les vésicules séminales ainsi que la prostate se contractent rythmiquement pour sécréter les fluides séminal et prostatique, lesquels s’associent aux spermatozoïdes et au mucus déjà versé par les glandes bulbo-urétrales. Les différentes composantes émises par ces organes forment le sperme qui s’accumule dans l’urètre prostatique au niveau du bulbe urétral. Ce dernier se dilate alors du double ou du triple (Singer et Weiner, 1994).
Graphique 4 – La zone 4 : la zone de l’éjaculation
La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
Sur le plan subjectif, les hommes perçoivent un ensemble de sensations qu’ils décrivent de la sorte en langage populaire : «Ça y est», «Je le sens», «Ça vient», «C’est parti». Il n’y a rien d’apparent (le sperme ne se fait pas encore expulsé hors du pénis), mais ils savent que l’éjaculation est déclenchée et qu’il est impossible de l’arrêter. Ils éprouvent une impression d’irrésistibilité appelée «inévitabilité éjaculatoire». Cette impression est fondée parce que ces contractions une fois déclenchées ne peuvent plus être empêchées ou retardées. Elles sont réflexes et par conséquent inaccessibles à la volonté. Ceci se vérifie d’autant plus qu’elles sont le fait de tubulures et de glandes sur lesquelles l’homme n’a de contrôle volontaire en aucune circonstance.
Lorsque le bulbe urétral est assez distendu par l’accumulation du sperme, la phase d’expulsion débute. Il se produit alors un ensemble de contractions réflexes impliquant les muscles du plancher pelvien, les muscles ischio-caverneux, les muscles spongieux et le bulbe urétral. Le fluide séminal est alors propulsé de l’urètre prostatique dans l’urètre pénien, puis à l’extérieur du méat urinaire. Le sphincter de l’urètre, déjà contracté lors de la phase d’émission, empêche le sperme de se diriger vers la vessie et de causer une éjaculation rétrograde. Tout comme les contractions de la phase d’émission, celles de la phase d’expulsion sont réflexes et ne peuvent être régies par la volonté (Benson, 1988). Ces contractions permettent de décharger les tensions physiologiques et émotionnelles sexuelles et constituent une grande source de plaisir pour la majorité des hommes (Masters et Johnson, 1966).
Les sexologues appellent «point de non-retour» le moment où l’homme atteint le niveau d’excitation (seuil) qui déclenche le réflexe d’émission. Cette expression très éloquente signifie que l’homme ne peut plus revenir à des niveaux plus bas d’excitation, ni éviter l’éjaculation ni, par conséquent, poursuivre la pénétration*. L’excitation est trop élevée, le seuil du réflexe d’émission est atteint, l’éjaculation commence à se produire et son déroulement se poursuit jusqu’à la fin, peu importe ce qu’il tente de faire.
* L’intérêt d’éviter l’éjaculation est évidemment de prévenir la perte d’érection qui s’ensuit. Cette perte d’érection empêche de poursuivre le coït et de satisfaire la partenaire par les mouvements de va-et-vient du pénis à l’intérieur du vagin, d’où toute la problématique de la difficulté à prolonger la durée de la pénétration.
On retrouve dans la plupart des articles publiés dans des revues médicales et sexologiques l’affirmation que la difficulté à prolonger la durée de la pénétration est causée par un manque de contrôle sur le réflexe éjaculatoire. Cette conception est antinomique parce qu’un réflexe, par définition, ne peut être l’objet d’un contrôle volontaire. De plus, les structures anatomiques qui se contractent lors du premier réflexe (réflexe d’émission) sont des tubulures (épididyme, canal déférent…) et des glandes (prostate, vésicules séminales…) sur lesquelles l’homme ne peut d’aucune façon exercer un contrôle volontaire. Et lorsque le réflexe d’émission a lieu, l’érection est vouée à disparaître et la pénétration à se terminer. Peu importe les moyens utilisés, l’éjaculation ne peut être arrêtée lorsqu’elle est déclenchée.
En fait, la difficulté à prolonger la durée de la pénétration n’est pas due à un trouble de l’éjaculation. Elle est engendrée par une mauvaise gestion de l’excitation. Ce n’est pas l’éjaculation qui est en cause, c’est l’excitation. L’éjaculation est tout à fait normale ; sa physiologie est saine et ses processus se déroulent naturellement. Le problème provient de l’excitation qui atteint le seuil déclencheur du réflexe d’émission et entraîne l’éjaculation plus tôt que les individus ne le désirent. Cette réalité vaut pour tous les individus, qu’ils soient dits «normaux» ou «éjaculateurs prématurés». Personne n’a de contrôle sur son éjaculation, seulement sur son excitation. Si un homme souhaite prolonger la durée de la pénétration, il doit conserver son excitation en dessous du degré d’excitation qui déclenche le réflexe d’émission. Et ce, durant toute sa vie, dans toutes les circonstances et avec toutes les partenaires.
La troisième zone : la zone de l’imminence éjaculatoire
La troisième zone – celle de l’imminence éjaculatoire – se situe juste en dessous de la zone de l’éjaculation (Graphique 5). À ce stade, une légère augmentation de l’excitation causée par un léger surplus de stimulation causera l’éjaculation. Durant la pénétration, quand l’excitation sexuelle de l’homme l’amène au début de cette zone, lui ou sa conjointe n’a plus qu’à effectuer deux ou trois mouvements de bassin supplémentaires pour que le point de non-retour soit immédiatement atteint. En un sens, c’est un terrain périlleux pour les couples qui désirent prolonger la durée de la pénétration parce que, à ce stade, une infime augmentation d’excitation fait déclencher le réflexe de l’éjaculation.
Graphique 5 – La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire
La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
La zone de l’imminence éjaculatoire est facilement identifiable. Lorsque l’homme entre dans cette zone, des réactions physiologiques précises se manifestent au niveau de ses organes génitaux et l’avertissent – pour peu qu’il leur porte attention – de la proximité du réflexe éjaculatoire. Les testicules se rapprochent davantage du corps, le pénis devient plus rigide et les muscles du périnée se contractent plus fort. Certains hommes ressentent des frissons le long de la hampe du pénis, d’autres ont l’impression que leur gland va exploser. Il revient à chaque individu d’identifier les sensations qui se produisent à ce moment dans ses organes génitaux et de réagir en conséquence.
Beaucoup d’hommes aimeraient poursuivre la pénétration à ces hauts degrés d’excitation parce qu’ils en retirent énormément de plaisir. Malheureusement, il est très difficile de naviguer à des niveaux élevés d’excitation et impossible de le faire à l’intérieur de la zone de l’imminence éjaculatoire. Quand un homme entre dans cette zone, son excitation ne dispose que de deux avenues : monter ou descendre. Elle ne peut pas se maintenir à ce degré d’intensité. S’il continue de recevoir des stimulations, il se dirigera automatiquement vers l’éjaculation. S’il veut s’éloigner du point de non-retour, il devra interrompre toute stimulation et appliquer les techniques appropriées pour faire baisser son excitation. S’il souhaite poursuivre à l’intérieur de la zone de l’imminence éjaculatoire, il se dirigera rapidement vers l’éjaculation (Graphique 7).
Graphique 6 – Un exemple de gestion de l’excitation sexuelle à l’intérieur de la zone de l’imminence éjaculatoire
La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
Graphique 7 – Un exemple de tentative de prolongation de la durée de la pénétration à l’intérieur de la zone de l’imminence éjaculatoire
La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
Voyons maintenant la première zone. Nous présentons celle-ci avant la deuxième afin de faciliter la compréhension de cet exposé.
La première zone : la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection
Tout stimulus (interne ou externe) perçu, codifié comme érotique et apprécié sensuellement, génère de l’excitation sexuelle qui à son tour entraîne des réactions sexuelles. Parmi ces réactions, on note une augmentation du rythme cardiaque, une élévation de la pression sanguine, un accroissement du rythme respiratoire, des manifestations vasocongestives (afflux sanguin plus important dans les organes génitaux et certaines autres parties du corps), une réaction de sudation et une intensification de l’activité myotonique (contractions musculaires). La vasocongestion du pénis et la contraction des muscles du périnée entraînent l’érection chez l’homme. La zone de l’apparition et de la disparition de l’érection correspond aux moments où l’érection débute et se développe et à ceux où elle s’estompe et s’éteint (Graphique 8). À l’intérieur de cette zone, l’érection est plus ou moins ferme et procure un support limité aux hommes et aux femmes en quête de plaisir.
Graphique 8 – La zone 1: la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection
La zone 1 : la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection. La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
On voit au graphique 8 que l’excitation sexuelle a débuté en douceur. Elle a été interrompue un instant et, à la reprise de la stimulation, elle s’est intensifiée sans répit jusqu’à l’éjaculation. Finalement, elle s’est résorbée pendant la phase réfractaire. L’érection a été influencée par le cours de l’excitation. Elle est apparue lentement, a subi des fluctuations, est disparue un moment, puis est revenue pour finalement se dissiper après l’orgasme.
Le niveau de la zone de l’apparition et de la disparition de l’éjaculation n’est pas fixe. Il varie en fonction des circonstances, de l’âge et de l’état de santé. Par exemple, lors d’une fatigue importante, à la suite d’une consommation abondante d’alcool ou encore après une première éjaculation (durant la phase réfractaire*), le niveau de la zone de l’apparition et de la disparition de l’éjaculation se situe beaucoup plus haut. Le diabète, en raison des altérations neurologiques et vasculaires qu’il suscite, provoque le même effet. Et enfin le vieillissement, de par les modifications qu’il induit, a un impact sur les érections qui demandent plus de temps à s’établir, deviennent moins rigides, sont plus difficiles à conserver et se perdent plus rapidement. Dans ce contexte, l’homme a besoin de plus de stimulation et d’excitation pour parvenir à l’érection. Cela devient un problème lorsqu’il a besoin d’être très excité pour obtenir une érection suffisamment rigide pour pénétrer. À ce moment-là, il n’a plus de marge de manœuvre pour gérer son excitation. Il est déjà pratiquement dans la zone de l’imminence éjaculatoire lorsqu’il obtient son érection. L’ajout de stimulation que procure l’intromission du pénis dans le vagin et l’augmentation d’excitation qui s’ensuit ne lui laissent pas de répit et l’amènent prestement à l’éjaculation. Il souffre alors d’une éjaculation prématurée secondaire à un désordre érectile (Graphique 9). La solution la plus appropriée à ce type de dysfonction réside à l’heure actuelle dans la prise d’un médicament qui assiste la physiologie de l’érection.
* La durée de cette phase diffère avec l’âge et les individus. A placer en bas de page
Graphique 9 – Hausse de la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection
La zone 1 : la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection. La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
La deuxième zone : la zone de la modulation de l’excitation sexuelle
La zone de la modulation de l’excitation sexuelle commence lorsque l’érection est établie et se termine lors de l’entrée dans la zone de l’imminence éjaculatoire. C’est la meilleure zone pour contrôler l’excitation sexuelle. À l’intérieur de la zone de la modulation de l’excitation sexuelle, l’homme peut se tenir à une distance sécuritaire de la zone de l’éjaculation tout en maintenant son érection et en ayant du plaisir (Graphique 10).
Graphique 10 – La zone 2 : la zone de la modulation de l’excitation sexuelle
La zone 1 : la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection. La zone 2 : la zone de la modulation de l’excitation sexuelle. La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
Dans le cas de l’incapacité à prolonger la durée de la pénétration, c’est la zone de la modulation de l’excitation sexuelle qui est escamotée. On voit au graphique 11 que, dès que l’intromission approche, l’excitation s’emballe et se dirige en ligne droite vers la zone de l’imminence éjaculatoire puis vers celle de l’éjaculation*.
Graphique 11 – Courbe d’un cas de difficulté à prolonger la durée de la pénétration
La zone 1 : la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection. La zone 2 : la zone de la modulation de l’excitation sexuelle. La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
La zone de la modulation de l’excitation sexuelle présente énormément d’intérêt d’un point de vue érotologique. À l’intérieur de celle-ci, il est possible de vivre une grande variété d’émois sexuels et d’élans amoureux. Elle procure le temps et la liberté nécessaires pour exprimer de la tendresse, se montrer voluptueux, faire preuve d’affection, éprouver du désir, être excité, divulguer ses sentiments, avoir du plaisir, s’abandonner, laisser libre cours à sa fougue, arborer sa masculinité, se compléter, partager, s’aimer. Elle favorise la variété et l’expérimentation, la complicité et la découverte, l’échange et la rencontre. La graphique 12 donne un exemple d’un cycle de réponse sexuelle complet où l’homme a modulé son excitation.
Graphique 12 – Exemple d’un cycle de réponse sexuelle se déroulant à l’intérieur des quatre zones de la courbe de l’excitation sexuelle de l’homme
La zone 1 : la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection. La zone 2 : la zone de la modulation de l’excitation sexuelle. La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
Le lecteur remarquera que nous avons enlevé la phase dite en «plateau» que Masters et Johnson avait incluse dans leur graphique représentant le cycle de la réponse sexuelle de l’homme. Nous avons procédé ainsi pour deux raisons. La première est que cette phase ne comporte pas de réactions physiologiques différentes – mais seulement plus intenses – de celles observées au cours de la phase précédente (excitation). La seconde est que le terme «plateau» décrit très mal un ensemble de réactions sujettes à de si grandes variations d’intensité. À mettre en bas de page
Chaque activité sexuelle suit le cours qui lui est propre et le tracé de l’excitation sexuelle varie d’une fois à l’autre. Il est même possible d’adjoindre à la courbe de l’excitation (qui est une réponse physiologique) la courbe du plaisir (qui est une réponse émotionnelle). On pourrait croire que la courbe du plaisir suit automatiquement celle de l’excitation, mais ce n’est pas toujours le cas. En effet, l’activation émotionnelle et l’activation physiologique ne vont pas toujours de pair. Le lecteur intéressé trouvera beaucoup plus d’information à ce sujet dans notre livre La fonctionnalité sexuelle qui paraîtra en 2010.
Quand l’homme vogue dans la zone de la modulation de l’excitation sexuelle, que cela soit durant les préliminaires ou la pénétration, il est primordial qu’il porte attention aux signaux lui indiquant que son excitation croît. Ces signaux se manifestent sous forme de réactions corporelles et émotionnelles. Ils incluent les modifications suivantes : élévation de la tension musculaire, accélération ou retenue de la respiration, amplification de la vitesse des mouvements du bassin, focalisation plus grande sur un stimulus sexuel particulier, augmentation des sensations sexuelles, intensification du plaisir. Plus ces réactions s’accroissent, plus l’homme s’approche de l’éjaculation.
Il existe deux grands types de moyens pour moduler le cours de l’excitation sexuelle et de la conserver sous le niveau qui déclenche l’éjaculation, c’est-à-dire sous le seuil du réflexe éjaculatoire. Le premier consiste à gérer la quantité et l’intensité de la stimulation que l’homme reçoit. En général, quand la stimulation augmente, qu’elle soit visuelle, tactile, sonore ou autre, l’excitation s’élève. Lorsqu’elle diminue, l’excitation redescend. L’homme doit donc demeurer conscient de son degré d’excitation et veiller à ne pas recevoir ou à ne pas se procurer lui-même (par la vitesse de ses mouvements de bassin, par exemple) trop de stimulation. De son côté, la femme peut porter attention aux réactions corporelles de son partenaire et réduire l’intensité des échanges quand cela s’avère nécessaire.
Le second moyen vise à inverser les réactions physiologiques causées par l’excitation sexuelle. De ces réactions physiologiques, seules la respiration et la myotonie (tension musculaire) sont accessibles à la volonté. Le rythme cardiaque, la pression artérielle, la sudation et la vasocongestion ne peuvent faire l’objet d’aucun contrôle volontaire. Quand un homme devient excité, ses muscles se contractent tandis que sa respiration s’accélère et devient plus thoracique. Ces réactions sont saines et permettent à l’excitation sexuelle de s’élaborer et à l’éjaculation de se produire. Elles sont causées par l’excitation sexuelle et, à leur tour, elles permettent à celle-ci de s’accroître. Pour faire redescendre l’excitation sexuelle, il s’agit d’inverser ces réactions c’est-à-dire de réduire l’intensité des contractions musculaires, de ralentir le rythme de la respiration et de faire revenir celle-ci au niveau de l’abdomen. Pour résumer, l’excitation sexuelle génère des contractions musculaires et fait se hausser et s’accélérer la respiration. Le relâchement de ces contractions et le retour à une respiration lente et profonde fait diminuer l’excitation. Il est nécessaire que la tension musculaire créée par l’excitation s’accroisse pour que le réflexe de l’éjaculation ait lieu. En corollaire, il est quasiment impossible d’éjaculer si le corps est totalement détendu.
Après avoir vu les quatre zones de la courbe de l’excitation de l’homme, il devient plus facile de comprendre les causes sexologiques de la difficulté à prolonger la durée de la pénétration. Mais avant d’aller plus loin, il convient de se rappeler que la cause de l’éjaculation n’est autre que l’excitation sexuelle. Il n’existe pas d’éjaculation spontanée (éjaculation qui se produirait sans excitation préalable). Un homme n’éjaculera pas comme ça en marchant dans la rue ou en regardant un match sportif à la télévision. Il n’y a pas non plus d’émotions comme la colère, la peur ou la tristesse, qui peuvent le faire éjaculer d’office. Il en est de même des maladies et des traumatismes. En effet, il n’a jamais été rapporté qu’une condition pathologique ait pu provoquer d’emblée l’éjaculation comme le rhume peut faire éternuer par exemple. L’homme n’éjacule, à part quelques cas exceptionnels survenus lors d’épisodes d’anxiété intense (Redmond et al., 1983), que s’il est excité sexuellement. Son éjaculation se produit lorsque son excitation s’élève et atteint le degré d’intensité (seuil) qui déclenche le réflexe d’émission. Si la montée de l’excitation n’est pas gérée et qu’elle progresse rapidement, il y a de fortes chances que l’éjaculation survienne plus tôt que désiré et que l’un ou les deux membres du couple soient insatisfaits*.
* Il existe de nos jours des moyens pour favoriser l’harmonie sexuelle à l’intérieur du couple. Si la femme nécessite une stimulation prolongée, il est possible de l’aider à parvenir plus rapidement à l’orgasme, et ce, jusqu’à un certain point. Si c’est l’homme qui éprouve de la difficulté à prolonger la durée de la pénétration, on peut lui transmettre l’information et les habiletés qui lui confèrent la capacité de gérer le cours de son excitation. Cependant, comme la sexualité de la femme repose sur un ensemble de facteurs, entre autres émotionnels, plus vaste que celui de l’homme et que ces facteurs sont difficilement compressibles dans le temps, il est plus facile à l’homme de retarder l’apparition de son orgasme qu’à la femme d’accélérer la venue du sien. Placer en bas de page
Nous définissons donc l’éjaculation prématurée comme étant «une éjaculation qui se produit avant que l’homme ou la femme ne le désire». Nous considérons que cette prématurité est soit le reflet d’une difficulté à prolonger la durée des activités sexuelles tout en conservant l’intensité de l’excitation sous le seuil déclencheur du réflexe éjaculatoire, soit l’indication d’un manque de désir de prolonger la durée des activités sexuelles.
La difficulté à prolonger la durée des activités sexuelles tout en conservant l’intensité de l’excitation sous le seuil déclencheur du réflexe éjaculatoire résulte d’un ou de plusieurs facteurs. Parmi les plus importants, on note une faible capacité à gérer le cours de l’excitation sexuelle, un manque d’habiletés à moduler la quantité et l’intensité des stimulations sexuelles endogènes et exogènes, une aptitude limitée à gérer le stress associé aux activités sexuelles ainsi qu’une fréquence éjaculatoire inférieure aux besoins physiologiques de l’homme. Le fait que la durée de la masturbation des hommes qui éjaculent tôt après le début de la pénétration est la même que celle des hommes qui réussissent à prolonger la durée de la pénétration (Rowland et al., 2000) et l’observation que les traitements de l’éjaculation prématurée basés sur l’apprentissage sont très efficaces laissent croire que les facteurs constitutifs ne jouent pas un rôle prépondérant dans l’étiologie de cette dysfonction sexuelle. Parmi ces facteurs, les plus cités, sont la sensibilité pénienne (Hastings, 1966; Hong, 1984), la rapidité du potentiel évoqué du muscle bulbocaverneux (Godpodinoff, 1989) et la neurotransmission sérotonergique (Waldinger et al., 2004). Quant aux diverses pathologies invoquées, on n’a pas encore réussi à établir un lien de cause à effet entre elles et l’éjaculation prématurée, ni à expliquer de quelle manière elles précipiteraient la venue de l’éjaculation.
Le manque de désir d’un des partenaires de prolonger la durée des activités sexuelles peut évidemment provoquer une éjaculation survenant trop tôt pour l’autre partenaire. L’homme qui ne veut pas ou ne veut plus perpétuer les ébats va éjaculer quand il en a envie, sans se préoccuper des souhaits de sa compagne. Il y a alors éjaculation prématurée pour la femme, mais pas pour l’homme. D’autre part, la femme qui ne veut pas poursuivre la relation sexuelle peut amener l’homme à éjaculer malgré le désir de celui-ci de continuer. Il y a alors éjaculation prématurée pour l’homme, mais pas pour la femme.
Nous avons dit que nous envisageons l’éjaculation prématurée comme étant «une éjaculation qui se produit avant que l’homme ou la femme ne le désire». Toutefois, l’expression «éjaculation prématurée» en a amené plus d’un à y voir un trouble de la physiologie de l’éjaculation plutôt qu’une insatisfaction face à la durée des activités sexuelles. Par exemple, un groupe de chercheurs (Waldinger et al., 2005; Waldinger et al., 2006) va jusqu’à qualifier de «phénomène neurobiologique aberrant» le fait d’éjaculer en moins d’une minute après l’intromission du pénis à l’intérieur du vagin. Cette conception est erronée pour deux raisons. La première est qu’il n’existe pas de relation entre le moment de l’éjaculation et la physiologie de celle-ci. L’éjaculation, peu importe le moment où elle advient, est toujours la même. Elle se manifeste après que l’érection soit complète (chez les sujets jeunes et en santé), son déploiement en deux phases se produit selon la programmation biologique établie et l’éjaculat est normal. Le processus éjaculatoire serait pathologique si son déroulement était incompatible avec la biologie de la reproduction ou s’il engendrait une ou plusieurs des conséquences suivantes : atteintes à l’intégrité anatomique, entraves au fonctionnement physiologique, menaces à la survie de l’organisme, douleurs ou malaises. Cela n’est évidemment pas le cas. Par conséquent, le moment où a lieu l’éjaculation ne fait pas de celle-ci un phénomène neurobiologique aberrant, même si elle survient très tôt après le début de la pénétration et même si certaines personnes réagissent très mal à cette situation.
La seconde raison est que, comme l’excitation est la cause de l’éjaculation, c’est la durée totale de la phase d’excitation qu’il faut mesurer pour évaluer la présence d’un trouble organique et non seulement la durée de la phase d’excitation comprise entre le début de la pénétration et l’éjaculation. C’est l’excitation qui mène à l’éjaculation* et celle-ci ne commence pas à s’échafauder qu’au moment où le pénis est inséré à l’intérieur du vagin. Elle le fait bien avant (pour que l’homme puisse pénétrer sa partenaire, il faut qu’il soit en érection et pour être en érection, il faut qu’il soit excité). En fait, l’excitation s’élabore aussitôt que l’homme perçoit et savoure des stimuli sexuels (cela peut être dès le début des préliminaires ou même plus tôt). Elle évolue dans le temps et lorsqu’elle devient suffisamment intense, elle déclenche le réflexe éjaculatoire, qu’il y ait pénétration ou pas. Un autre point à considérer est que la nature de l’excitation est toujours la même, peu importe le type de stimulation externe (manuelle, orale, vaginale ou anale) appliquée sur le pénis. L’homme ne devient pas doté d’une neurophysiologie de l’excitation spéciale lorsqu’il reçoit une stimulation en provenance des parois vaginales. Ainsi, comme l’excitation est la cause de l’éjaculation, comme l’excitation débute avant la pénétration et comme la neurophysiologie de l’excitation est la même avant et après l’intromission du pénis dans le vagin, une pénétration de moins d’une minute (et, par conséquent, une éjaculation prématurée lorsque vécue ainsi par les gens) ne procure pas d’indication particulière sur l’état de santé de la neurobiologie de l’excitation et encore moins sur celui de l’éjaculation. Elle ne fait que donner de l’information sur la capacité, ou l’envie, qu’a l’homme de gérer son excitation durant la pénétration. On a vu précédemment que si l’homme veut prolonger la durée de ses activités sexuelles, quelles qu’elles soient et quel qu’en soit le moment, il doit gérer son excitation sexuelle, il doit la conserver en dessous du degré d’excitation sexuelle qui déclenche le réflexe éjaculatoire. Et on sait qu’il est plus difficile de gérer le cours de l’excitation durant la pénétration que durant les autres formes de stimulation (à cause de l’intensité et de la continuité de la stimulation vaginale, de l’implication émotionnelle, des symboles, des mouvements, de la tension musculaire, des positions, de l’activité physique de l’homme et de la femme, des efforts pour plaire à la partenaire, etc.).
Ces deux raisons nous amènent à conclure que le parcours de l’excitation et le moment où elle culmine ne déterminent pas la normalité ou l’anormalité de l’éjaculation. L’éjaculation est la même, physiologiquement, que l’excitation monte en flèche ou en vagues, qu’elle atteigne son apogée après 30 secondes ou après 30 minutes. L’éjaculation est provoquée par l’excitation lorsque cette dernière devient assez intense. Le déclenchement de l’éjaculation dépend de l’excitation, mais pas ses caractéristiques, ni son déroulement.
* L’excitation sexuelle est la seule et unique cause de l’éjaculation. Toutefois, l’anxiété active le système nerveux sympathique et pourrait, en synergie avec l’excitation sexuelle, précipiter la venue de l’éjaculation. Elle pourrait même, d’après certains rapports anecdotiques, provoquer à elle seule l’apparition de l’éjaculation lors d’épisodes très intenses.
D’un autre côté, il n’y a pas de maladie qui fait éjaculer comme un rhume fait éternuer, une gastroentérite fait vomir ou une allergie cause des rougeurs cutanées.
Il s’ensuit que se baser sur la durée de la pénétration (appelée aussi «temps de latence éjaculatoire intravaginal») pour affirmer qu’une éjaculation est un «phénomène neurobiologique aberrant» s’avère une erreur théorique et méthodologique majeure. Premièrement, comme nous venons de le dire, chez les sujets en santé, l’éjaculation est normale même s’ils éjaculent peu de temps après le début de la pénétration. Deuxièmement, comme c’est l’excitation qui est la cause de l’éjaculation, c’est la durée totale de l’excitation (de son apparition à l’éjaculation) qu’il faut mesurer pour déterminer s’il y a un trouble organique et non seulement la durée de la pénétration. La cause de l’éjaculation survenant rapidement après le début de la pénétration (à la suite de préliminaires d’une certaine longueur), chez les individus qui ne souffrent pas de pathologie, réside dans la gestion du cours de l’excitation sexuelle (et éventuellement dans la gestion de la stimulation sexuelle et de l’anxiété) et non dans la physiologie de l’éjaculation ni dans celle de l’excitation. Et le critère permettant de déterminer si, après des préliminaires d’une certaine durée, une pénétration se termine trop tôt à cause de la venue inopinée de l’éjaculation, n’est pas une norme physiologique, mais un souhait personnel.
Ce que nous venons de dire n’exclut pas le fait que le moment d’apparition de l’éjaculation puisse être déterminé par des facteurs organiques de nature pathologique ou constitutive. Selon nous, ces facteurs précipiteraient la montée de l’excitation ou abaisseraient le seuil du réflexe éjaculatoire de telle sorte que l’éjaculation se produirait peu de temps après le début de la phase d’excitation. Ces hypothèses seraient plausibles dans les cas suivants (à supposé que les régions corporelles ou corticales stimulées soient les mêmes et que l’intensité de la stimulation demeure similaire dans toutes les situations) : la durée de la période d’excitation est brève* ; elle ne varie pas peu importe la source de stimulation (l’individu lui-même, la partenaire), le type de stimulation externe (manuelle, orale, vaginale, anale), les positions adoptées ou les techniques de contrôle utilisées ; elle n’est pas influençable par un traitement sexologique basé sur l’apprentissage. Si tel est le cas, on peut alors employer l’expression «éjaculation hâtive» pour décrire cette condition, l’expression «éjaculation prématurée» étant réservée à une éjaculation se produisant avant que l’homme ou la femme ne le désire (une éjaculation hâtive peut être considérée comme prématurée ou pas, selon le point de vue des gens). La durée de la pénétration (le temps de latence éjaculatoire intravaginale) n’est pas une référence pour établir l’organicité de l’éjaculation hâtive. En effet, l’excitation, qui est la cause de l’éjaculation, commence à s’élaborer au moment où la stimulation est appréciée par l’homme, ce qui se produit habituellement bien avant le début de la pénétration. S’il y avait aberration biologique, celle-ci entraînerait l’éjaculation dès le début de la phase d’excitation ; elle n’attendrait pas la pénétration pour se manifester.
En corollaire, lorsque la durée de la phase d’excitation est longue, il n’y a pas de facteurs organiques anormaux qui concourent à la venue de l’éjaculation, même quand la durée de la pénétration est courte. Pour conclure, ce n’est pas la durée de la pénétration qui indique si le moment d’apparition de l’éjaculation est influencé par une pathologie, un traumatisme ou un trait constitutif, mais bien la durée de la période d’excitation. Les cas d’éjaculation hâtive sont rares et leur étude a été jusqu’à maintenant gênée du fait qu’on les ait assimilés à des cas d’éjaculation prématurée.
Les graphiques 13 et 14 aident à mieux comprendre l’erreur méthodologique qui consiste à mesurer, pour détecter une organicité, la durée de la phase d’excitation à partir de l’intromission du pénis dans le vagin (durée de la pénétration ou temps de latence éjaculatoire intravaginal) plutôt qu’à partir du moment où elle commence à s’élaborer réellement (temps de latence éjaculatoire total). Le graphique 14 permet de voir que l’excitation s’est développée antérieurement à la pénétration. S’il y avait eu organicité, celle-ci aurait affecté le parcours de l’excitation et entraîné l’éjaculation dès les préliminaires.
Graphique 13 – Exemple d’une mesure de la phase d’excitation du début de la pénétration jusqu’au commencement de l’éjaculation (temps de latence éjaculatoire intravaginale)
La zone 1 : la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection. La zone 2 : la zone de la modulation de l’excitation sexuelle. La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
Graphique 14 – Mesure de la phase d’excitation de la même activité sexuelle qu’au graphique 13 mais, cette fois-ci, du début des préliminaires jusqu’au commencement de l’éjaculation (temps de latence éjaculatoire totale)
La zone 1 : la zone de l’apparition et de la disparition de l’érection. La zone 2 : la zone de la modulation de l’excitation sexuelle. La zone 3 : la zone de l’imminence éjaculatoire. La zone 4 : la zone de l’éjaculation (a : le réflexe d’émission ou point de non-retour; b : le réflexe d’expulsion).
* La recherche scientifique n’a pas encore déterminé cette durée.
Les pénétrations répétées de moins d’une minute sont quand même révélatrices, sinon d’une aberration neurobiologique, tout au moins d’une incapacité chronique à gérer l’excitation sexuelle. En effet, notre expérience clinique nous a permis de dégager une constante. La plupart des hommes qui ne réussissent pas à prolonger la durée de la pénétration au-delà d’environ une minute ne possèdent pas les techniques ni les stratégies nécessaires pour influencer le cours de leur excitation durant la pénétration. Celle-ci échappe à leur contrôle et les précipite malgré eux vers l’éjaculation. Ceux qui peuvent prolonger la pénétration au-delà de plus ou moins deux minutes ont en général acquis des connaissances et des habiletés qui leur permettent de gérer leur excitation et de poursuivre leurs ébats beaucoup plus longtemps. Il existe une zone grise entre une et deux minutes où l’on rencontre des individus qui maîtrisent certains procédés, mais pas suffisamment, pour régir à leur guise l’évolution de leur excitation sexuelle.
Quant aux tentatives du courant de recherche actuel (evidence-based medicine*), qui visent à découvrir une durée de pénétration pathologique à la source d’une détresse émotionnelle et relationnelle importante, on peut affirmer qu’elles sont vouées à l’échec dès le point de départ.
* Médecine fondée sur les preuves.
En effet, entre la réalité objective (durée de l’activité sexuelle) et la réponse subjective (satisfaction/insatisfaction) qui s’ensuit, il y a toujours le traitement cognitif de l’information* qui s’immisce. Ce traitement cognitif de la réalité objective, teinté par des variables personnelles et des facteurs culturels, entraîne une pondération qui se traduit par un étalement de la réponse subjective sur un continuum (allant, dans ce cas-ci, de la satisfaction à l’insatisfaction). Autrement dit, une durée de pénétration de trois minutes, par exemple, est et sera de tout temps considérée par certains comme satisfaisante et par d’autres comme insatisfaisante.
* Cognitive processing (dans ce cas-ci, il s’agit d’évaluations, d’interprétations, de recadrages portant sur un événement, une situation ou une donnée. Ce traitement s’effectue à partir de connaissances, d’attitudes, de points de vue, de souhaits, de souvenirs, etc.). À mettre en bas de page
Par conséquent, comme ce ne sont pas les faits qui causent les émotions des gens mais bien le traitement cognitif qu’ils en font, il devient illusoire d’espérer découvrir une réalité objective assortie d’une réaction subjective et d’en conclure à une pathologie sexopsychiatrique universelle. Autrement dit, il est vain de chercher une durée de pénétration et de la qualifier d’insatisfaisante ou de dysfonctionnelle (ou de prématurée) pour tous les gens.
Bien qu’aucune durée de pénétration ne puisse causer une quelconque insatisfaction (ni une satisfaction d’ailleurs), l’insatisfaction tend, dans plusieurs de nos cultures actuelles, à augmenter avec la brièveté de la pénétration. Une raison de cette insatisfaction pourrait provenir de l’accent que nous mettons depuis une trentaine d’années en Occident sur l’épanouissement personnel. La recherche compulsive du bonheur qui en découle encourage la multiplication des exigences envers le conjoint et n’incite pas à la tolérance envers les contraintes de la réalité.
L’insatisfaction envers la durée de la pénétration et les réactions des partenaires n’expliquent pas non plus la détresse émotionnelle et relationnelle des individus. Encore là, les facteurs cognitifs (attitude, interprétation, acceptation, rejet) jouent un rôle central dans la création de la colère, de l’anxiété ou de la dépression que vivent l’homme et la femme à la suite de leur frustration sexuelle et de la réaction de leur conjoint. Par exemple, un homme qui se fustige parce qu’il ne perdure que « x » minutes et qui se dévalorise parce que sa compagne se désintéresse de la sexualité à cause de cette « courte durée », élabore lui-même, par son discours intérieur, la cause de ses états dépressifs. Il pourrait réagir de manière bien différente et bien plus constructive face à ses limites actuelles et face à la réaction de sa partenaire. Par conséquent, à cause de
leur nature réactive, les détresses émotionnelle et relationnelle ne sont pas des critères valides pour affirmer qu’une éjaculation est problématique. Ceci s’explique par le fait que les réactions (émotionnelles ou comportementales) des individus envers une réalité ne définissent pas la nature de cette réalité. Elles ne font que l’accompagner.
Pour toutes ces raisons, il est peine perdue de croire pouvoir découvrir une définition qui concilie une réponse physiologique objective et une réponse émotionnelle subjective, d’espérer réussir à élaborer une définition qui associe une durée d’activité sexuelle précise et une réaction de satisfaction/insatisfaction donnée. Il faut bien distinguer le mécontentement envers la durée d’une activité sexuelle (qui n’est pas nécessairement brève) et les durées d’activités sexuelles brèves (dont les gens ne sont pas obligatoirement mécontents). C’est pourquoi nous suggérons l’utilisation de deux définitions. La première, l’éjaculation hâtive, désigne une condition objective. Il s’agit d’une éjaculation qui a lieu peu de temps après le début de la phase d’excitation et dont l’avènement est précipité par un ou des facteurs organiques (pathologique, traumatique ou constitutif). La seconde, l’éjaculation prématurée, signale une condition subjective.
Nous la définissons comme étant une éjaculation qui se produit plus tôt que l’homme ou la femme ne le désire. Cette définition vaut peu importe la durée de la phase d’excitation (donc de la durée des activités sexuelles avec érection) qui précède l’éjaculation et peu importe les facteurs organiques, cognitifs ou comportementaux qui en facilite l’apparition (mise en action rapide du système nerveux sympathique, stratégies de contrôle inefficaces, mouvance corporelle inadéquate, …).
Il s’ensuit qu’aucune durée de pénétration, parce qu’arbitraire, ne peut être utilisée comme critère pour définir l’éjaculation prématurée.
* Les gens ont le droit d’être insatisfaits de la durée de leurs activités sexuelles même si celles-ci perdurent davantage que celles de la majorité des gens. Il ne revient pas au professionnel de la santé de décider de la durée des activités sexuelles (en général, de la durée de la pénétration) dont les individus doivent être ravis ou chagrinés. Devant les souhaits exprimés par ses patients, le sexologue sera amené (en se basant sur son jugement clinique, en prenant en considération la durée des activités sexuelles de ceux-ci et en tenant compte des données statistiques disponibles), soit à aider l’homme ou le couple à prolonger davantage la durée de ses ébats, soit à rassurer en normalisant cette performance, soit à aider la femme ou le couple afin que celle-ci puisse obtenir plus de plaisir plus rapidement.
DESCRIPTION DU TRAITEMENT SEXOFONCTIONNEL
Nous allons présenter maintenant les diverses composantes du traitement sexofonctionnel de l’éjaculation prématurée. Mais avant de débuter, nous allons revoir, de manière synthétisée, les prémisses à la base de ce traitement. Ensuite, nous énoncerons les buts de l’intervention thérapeutique et nous terminerons par l’exposé des connaissances et des habiletés qui sont enseignées aux patients
Prémisses du traitement
Le traitement sexofonctionnel de l’éjaculation prématurée repose sur les prémisses suivantes :
1. L’éjaculation est un réflexe qui, en tant que tel, ne peut pas être contrôlé volontairement.
2. Le réflexe de l’éjaculation est déclenché par l’excitation sexuelle lorsque celle-ci atteint une intensité suffisante.
3. Le réflexe de l’éjaculation ne peut pas se produire quand l’excitation est conservée à un niveau d’excitation inférieur à celui qui déclenche le réflexe éjaculatoire.
4. Le cours de l’excitation peut être contrôlé.
5. Comme l’éjaculation ne peut pas être contrôlée, mais que sa cause – l’excitation sexuelle – peut l’être, il s’avère essentiel pour l’homme de gérer le cours de l’excitation pour prolonger la durée de la pénétration.
6. Pour bien gérer son excitation, il importe en premier lieu que l’homme connaisse les réactions corporelles ayant lieu à l’intérieur de chaque zone de la courbe de l’excitation sexuelle masculine.
7. En second lieu, il doit appliquer – en fonction des réactions corporelles observées – des techniques et des stratégies qui possèdent le pouvoir de moduler l’excitation sexuelle.
8. Finalement, comme les stimuli sexuels sont à l’origine de l’excitation, il est nécessaire que l’homme demeure conscient de son niveau d’excitation et qu’il veille à ne pas recevoir ou à ne pas se procurer lui-même une stimulation d’une intensité telle qu’il soit propulsé plus tôt que désiré vers l’éjaculation. Il doit donc se rappeler que le réflexe éjaculatoire impose des limites à l’expression sexuelle du couple et doit, tout en prenant plaisir aux activités sexuelles, éviter d’être surstimulé.
Buts du traitement
Le premier but à atteindre pour l’homme est de conserver, par l’application de techniques et de stratégies, son excitation sexuelle en dessous du degré d’intensité qui déclenche le réflexe éjaculatoire. Afin d’atteindre ce but, il doit développer sa capacité à moduler son excitation sexuelle. Ceci se fait en apprenant à déterminer la quantité de stimulation qu’il peut recevoir durant les relations sexuelles ainsi qu’en apprenant à respirer et à mouvoir son corps de manière appropriée.
Le deuxième but est, pour l’homme et sa partenaire, de parvenir à obtenir plus de plaisir durant la pénétration. Les gens sont encouragés à porter attention et à savourer les stimuli affectifs et sensuels qui émanent de la rencontre amoureuse et sexuelle. En agissant ainsi, ils agrandissent leur répertoire érotique et éprouvent davantage de plaisir sans être obligés d’effectuer des mouvements de pénétration vigoureux et continus, souvent à l’origine d’éjaculations survenant plus tôt que souhaitées.
Contenu du traitement
A. Information
1. L’éjaculation ne peut pas être contrôlée volontairement
2. L’excitation peut être contrôlée
3. Les zones de la courbe d’excitation sexuelle masculine et les réactions physiologiques qui s’y produisent.
4. Les stratégies pour moduler la quantité et l’intensité des stimulations sexuelles reçues par l’homme : initier la pénétration à des niveaux moyens d’excitation pour l’homme et pour la femme, savourer des niveaux modérés d’excitation au lieu de rechercher constamment des niveaux intenses, faire des arrêts, procurer à la partenaire une variété de stimulation au lieu d’essayer de lui plaire en effectuant continuellement des mouvements vigoureux de pénétration
5. L’excitation sexuelle provoque des tensions musculaires saines. Ces tensions sont nécessaires pour que l’éjaculation se produise. En gérant ces tensions avec les habiletés corporelles décrites ci-dessous, un homme peut conserver son excitation sexuelle sous le niveau qui déclenche le réflexe éjaculatoire
6. L’excitation sexuelle rend la respiration plus thoracique et accroît le rythme respiratoire. Inverser ces réactions en respirant lentement et de manière abdominale réduit la tension musculaire. Cette diminution de tension musculaire abaisse à son tour l’excitation sexuelle et aide l’homme à s’éloigner du point de non retour.
7. Penser à autre chose pour être moins excité n’est pas une stratégie efficace. Cela nuit à la perception des niveaux d’excitation sexuelle et à l’application des techniques de contrôle. De plus, cela appauvrit le vécu et les échanges sexuels
8. « Le voyage est aussi intéressant que la destination ». Cette maxime soulève l’importance de ne pas rechercher seulement les plaisirs intenses mais également les sensations fines d’une excitation moyenne pour pouvoir demeurer dans la zone de modulation et prolonger la durée de la pénétration
9. Les variations d’érection sont normales lorsque la durée des activités sexuelles s’accroît. Il n’y a donc pas à s’en inquiéter. Les façons naturelles de retrouver l’érection sont expliquées.
10. Comme l’homme est le seul à connaître quel est son degré exact d’excitation, La responsabilité de déterminer l’intensité et la quantité de stimulation qu’il peut recevoir lui revient. Le couple doit s’adapter à cette réalité.
11. Il est préférable d’aborder la pénétration à des niveaux moyens d’excitation afin de pouvoir gérer l’intensification de l’excitation entraîner par l’intromission du pénis dans le vagin.
12. L’application des techniques de gestion de l’excitation sexuelle (respiration abdominale, décontraction musculaire) aide également à réduire l’anxiété associée à l’idée d’éjaculer trop tôt et de déplaire à la partenaire. Cela contribue à réduire l’activation sympathique, musculaire et émotionnelle qui accompagne l’anxiété et qui peut précipiter l’éjaculation.
B. Habiletés corporelles
1. Respiration abdominale
2. Dissociation du mouvement du bassin
3. Utilisation des seuls muscles nécessaires pour effectuer le mouvement du bassin (isolation des muscles fessiers)
4. Synchronisation de la respiration abdominale avec le mouvement du bassin
5. Exécution du mouvement du bassin dans diverses positions avec un minimum de tension musculaire
6. Variation de la vitesse des mouvements du bassin (ce qui influence la quantité de stimulation reçue)
7. Variation de l’intensité des mouvements du bassin (ce qui influence l’intensité de la tension musculaire)
8. Variation de l’amplitude des mouvements du bassin (ce qui permet de moduler l’excitation sexuelle)
9. Relâchement de la tension des muscles du périnée engendrée par l’excitation sexuelle
10. Décontracter l’ensemble des muscles dans la zone de l’imminence éjaculatoire au lieu d’essayer de retenir l’éjaculation)
11. Espacement des jambes (l’excitation tend à faire se rapprocher les jambes)
12. Expérimentation de diverses positions et analyse des effets qu’elles génèrent sur la tension musculaire, la respiration, l’exécution du mouvement du bassinet l’excitation sexuelle
La recherche empirique a démontré que le traitement sexofonctionnel est efficace pour améliorer la vie sexuelle des couples lorsque l’homme souffre d’éjaculation prématurée (de Carufel et Trudel, 2006). Il accroît la durée de la pénétration et la satisfaction sexuelle des deux partenaires. De plus, les techniques et les stratégies de contrôles proposées sont évaluées positivement par les hommes et par les femmes. Toutefois, comme ce traitement requiert douze rencontres de cinquante minutes, il peut ne pas convenir aux personnes à la recherche d’une solution plus rapide. Et, comme le mentionne Assalian (1994), une approche pharmacologique s’avère préférable dans les cas où il y a risque suicidaire ou menace de divorce due à cette dysfonction.
Le traitement sexofonctionnel comporte plusieurs avantages. Premièrement, ses techniques n’interrompent pas le déroulement des activités sexuelles comme la technique de la compression pénienne de Masters et Johnson (1970). Deuxièmement, il favorise les échanges amoureux et érotiques durant la pénétration. Troisièmement, la femme n’est pas obligée d’intervenir directement dans le processus de contrôle de l’excitation de l’homme. Finalement, il n’engendre pas d’effets secondaires comme les médicaments ou les crèmes anesthésiantes. En tant que tel, le traitement sexofonctionnel convient donc à un bon segment de la population. Il constitue ainsi un outil thérapeutique très pratique et très efficace que peuvent employer les seologues pour aider les hommes et les femmes à accéder à une vie sexuelle plus riche et plus épanouissante.
Le lecteur découvrira la description des douze séances du traitement sexofonctionnel dans le livre L’éjaculation prématurée. Compréhension et traitement par la thérapie sexofonctionnelle publié aux Presses universitaires de Louvain en 2009.
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