D’après Grudzen et coll. : Condom use and high-risk sexual acts in adult films: a comparison of heterosexual and homosexual films. AUTHORS: Grudzen CR, Elliott MN, Kerndt PR, Schuster MA, Brook RH, Gelberg L. Robert Wood Johnson Clinical Scholars Program, University of California, Los Angeles, USA. Am J Public Health. 2009 Apr;99 Suppl 1:S152-6.
Analyse par Gilbert Bou Jaoudé, Lille, France
Les auteurs de cette étude ont tenté d’évaluer la prévalence de l’utilisation du préservatif masculin dans différents actes sexuels des films pornographiques destinés à des spectateurs hommes, hétéro ou homosexuels, dans le but d’évaluer la conformité de ces films aux recommandations des autorités de santé publique aux Etats Unis d’Amérique (USA) en ce qui concerne la prévention des Infections Sexuellement Transmissibles (IST).
Ils ont ainsi visionné 100 films pornographiques : 50 films destinés à un public homosexuel et 50 films à un public hétérosexuel. Tous ces films étaient réalisés entre le 1er août 2005 et le 31 Juillet 2006, et sélectionnés parmi les films de la principale entreprise de distribution de films pornographiques aux USA (qui commercialise plus de 80 % des films pornographiques hétérosexuels).
Les principaux résultats :
- Seulement 3 % des actes de pénétration pénienne intra vaginale ont été « protégés » par l’utilisation d’un préservatif
- La pénétration pénienne anale a été retrouvée dans 42 % des scènes hétérosexuelles et 80 % des scènes homosexuelles
- Cette pénétration anale a été beaucoup moins souvent protégée dans les scènes hétérosexuelles que homosexuelles (10 % vs 78 % ; p < 0.001)
- Le préservatif n’a été utilisé dans aucun acte oro-genital que ce soit dans les films hétero ou homosexuels.
Les auteurs concluent que les films hétérosexuels accordent à l’utilisation du préservatif une place beaucoup moins importante que celle qu’accordent les films homosexuels. Ces derniers semblent plus attentifs à l’idée de prévention des IST et en particulier le SIDA. En conséquence, l’industrie des films pornographiques et en particulier celle produisant des films destinés aux hommes hétérosexuels ne semblent pas adhérer aux recommandations de santé publique concernant la prévention des IST.
Commentaires :
De tels résultats participent à la réputation des méfaits des films pornographiques, surtout lorsque nous nous souvenons qu’une grande partie des adolescents de nos jours, et même des adultes, reçoivent ou complètent leur éducation sexuelle par leur intermédiaire !
Ils soulèvent également des interrogations : est ce le rôle des films pornographiques de promouvoir la prévention des IST ? avec tout ce que cela implique comme relation nécessaire avec les autorités publiques et sanitaires… ?
En tout cas, ils confirment, s’il le fallait, l’intérêt de poursuivre, de développer et de cibler les programmes d’information sur l’utilisation des préservatifs masculins dans la prévention des IST.