Traitement du déficit en testostérone chez les hommes après une prostatectomie radicale pour cancer de prostate localisé de risque bas à intermédiaire.

Article sous presse : JM Flores et coll

THE JOURNAL OF UROLOGY®
https://doi.org/10.1097/JU.0000000000004267 .

Vol. 00, 1-6, January 2025

 

Abstract

Objectif : Le traitement à la testostérone (TT) chez les hommes présentant un déficit en testostérone (T) et ayant subi une prostatectomie radicale (PR) pour un cancer de prostate reste controversé. Nous avons cherché à évaluer l’impact du TT sur les taux de récidive biochimique (RB) après PR chez les hommes atteints d’une maladie localisée de risque bas à intermédiaire.

Matériel et méthodes : Cette étude a porté sur des hommes ayant subi une PR dans notre établissement pour un cancer de la prostate confiné à l’organe et ayant des groupes de grade 1 à 3 anatomopathologiques après la RP. Un modèle de Cox a été utilisé pour le temps jusqu’à la RB avec l’utilisation de TT comme co-variable dépendante du temps, ajustée en fonction de l’âge, du PSA préopératoire, du groupe de grade anatomo-pathologique obtenu lors de la PR et de la présence de comorbidités. Les patients étaient inclus dans l’analyse si leur dernier PSA au cours des 18 semaines postopératoires était indétectable et s’ils n’avaient pas présenté de RB et n’avaient pas été  perdus de vue à partir de ce stade, et le suivi pour la RB a commencé à 18 semaines. La RB a été définie comme un PSA inférieur à 0,1 ng/mL après la PR avec une deuxième augmentation confirmatoire inférieure à 0,1 ng/mL.

Résultats : La population étudiée comprenait 5199 hommes après PR, dont 198 patients recevant de la T à un moment quelconque après PR et 5001 n’en recevant pas. L’âge médian était respectivement de 59 ans (écart : 55-65) et 61 ans (écart : 56-66). Les hommes du groupe T avaient tendance à présenter davantage de co-morbidités vasculaires. Pour ceux recevant de la T : du citrate de Clomifène a été prescrit à 49 % des hommes, 32 % ont reçu de la T par voie transdermique et 19 % de la T par voie intramusculaire. Nous avons constaté une diminution non significative du risque de RB associé à l’utilisation de T après PR (RR, 0,84 ; IC à 95 %, 0,48-1,46 ; P = .5), et les taux globaux de RB étaient faibles, avec une probabilité de RB à 5 ans inférieure à 2 % dans les deux groupes.

Conclusions : La TT peut être administrée à certains hommes après PR. Nous n’avons trouvé aucune preuve que l’administration de TT après PR provoque une RB.

 

Commentaires :

La prescription de citrate de Clomiphène est courante aux Etat Unis et présente l’avantage de stimuler la sécrétion endogène de testostérone, elle devrait d’avantage être encouragée.

Ces données sont cohérentes avec le modèle de saturation, où le récepteur des androgènes des cellules du cancer de prostate a un taux maximal de stimulation pour des niveaux de testostérone sérique allant  de 150 à 250 ng/dL. La grande majorité des hommes (76 %)

dans cette étude  avaient des niveaux de testostérone sérique pré-traitement supérieurs

au point de saturation, médiane de 282 (203-314) ng/dL ; ainsi, aucun changement du PSA, n’était attendu du moins précocément  après la prostatectomie radicale.

La principale limite de cette étude est le suivi à moyen terme. Il est possible qu’une exposition à long terme à la testostérone puisse éventuellement conduire à une croissance de cellules quiescentes du cancer de prostate, suffisante pour provoquer une récidive. Les points forts de cette étude est qu’elle constitue la première grande série patients, avec un suivi rigoureux du taux  testostérone chez les patients traités pour déficit ainsi que l’utilisation d’une définition de la récidive biologique également  rigoureuse. La plupart des études précédentes publiées avaient utilisé une définition de la récidive biologique  utilisant des taux de PSA compris entre 0,2 et 0,4 ng/mL, ce qui était significativement plus élevé que les définitions de 0,1 ng/mL utilisées dans cette étude.

 

Béatrice Cuzin