Bulletin d’information – n°48 Juillet 2018

EDITORIAL

Chers collègues et amis
A l’issue des élections annoncées un nouveau conseil d’administration et un bureau de la SFMS a été élu : chaque membre voudrait vous faire part des raisons de son engagement.

J’ai souhaité pour ce nouveau bulletin, refaire un état des lieux de la francophonie telle qu’elle apparaît en 2018, parce qu’elle  est le socle de  notre société qui souhaite se développer vers tous les pays de langue française dans le but d’échanges et de partage de connaissances autour de la Médecine Sexuelle.

Le terme francophonie est apparu pour la première fois vers 1880, avec le géographe français, Onesime Reclus. On parle désormais de francophonie avec un « f » minuscule pour désigner les locuteurs de français et de Francophonie avec un « F » majuscule pour figurer le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones.
Le dernier rapport en date de l’Observatoire de la langue française, publié en 2014, estime à 274 millions de locuteurs répartis sur les cinq continents. Dès les premières décennies du XXe siècle, des francophones prennent conscience de l’existence d’un espace linguistique partagé, propice aux échanges et à l’enrichissement mutuel.
La Charte de la Francophonie est le support juridique de l’ensemble du cadre institutionnel francophone. Adoptée par le VIIe Sommet de la Francophonie (14-16 novembre 1997, Hanoi, Vietnam), elle a été révisée par la XXIe Conférence ministérielle de la Francophonie (23 novembre 2005, Antananarivo, Madagascar).
Depuis 1970 et la création de l’agence de coopération culturelle et technique (ACCT) – devenue aujourd’hui l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) – les francophones peuvent s’appuyer sur un dispositif institutionnel voué à promouvoir la langue française et les relations de coopération entre les 84 États et gouvernements membres ou observateurs de l’OIF.

Les objectifs de la Francophonie sont consignés dans sa Charte :

  •  instauration et développement de la démocratie
  •  prévention, gestion et règlement des conflits, et soutien à l’État de droit et aux droits de l’Homme
  •  intensification du dialogue des cultures et des civilisations
  •  rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle
  •  renforcement de leur solidarité par des actions de coopération multilatérale en vue de favoriser l’essor de leurs économies
  •  promotion de l’éducation et de la formation.
  • Les missions de la Francophonie sont définies dans un Cadre stratégique
  •  Promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique
  •  Promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme
  •  Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche
  •  Développer la coopération au service du développement durable

L’ensemble de ces informations sont disponibles sur le site : https://www.francophonie.org

Carte de la francophonie

La carte du Monde de la Francophonie illustre l’étendue de cet espace d’échanges potentiels, dans  lequel la SFMS souhaite trouver toute sa place dans son soutien aux actions d’éducation et de  formation destinées  pour promouvoir la Santé et la Médecine Sexuelle.

Enfin, je souhaite partager avec vous cette belle phrase qui est la devise de certains lieux où se revendique la francophonie :


Béatrice Cuzin
Présidente SFMS

  Profession de foi des nouveaux membres

  • Sandrine Atallah
  • Gilbert Bou Jaoude
  • Carol Burte
  • Marie-Laure Gamet
  • Jean-Pierre Graziana
  • Eric Huyghe

En direct des congrès

Le 13e colloque en Santé de l’Homme s’est tenu les 26 et 27 avril derniers dans le Charlevoix au Québec. Il aréunit des urologues , andrologues et médecins généralistes et a pour but de faire des mises au point sur des thèmes liés à la médecine de l’homme. Cette année les interventions ont notamment porté sur :

  • Le déficit en testostérone avec la mise au point de recommandations pratiques à l’usage des médecins non spécialistes
  •  Les facteurs de risque propres au sexe masculin
  •  La testostérone et le cancer de la prostate
  •  Les risques cardiovasculaires des anti androgènes
  •  La prise en charge en médecine sexuelle après prostatectomie.

Ce colloque est accrédité par l’université de Sherbrooke et a perme des échanges très intéressants avec nos confrères canadiens dans une atmosphère de grande convivialité. Carol Burte a été invité à faire une conférence de la SFMS que vous trouverez en lien.

Le 4 ème congrès biennal de l’African Society of Sexual Medicine (ASSM) s’est tenu à la Somone, au sénégal le 12 avril 2018, il a réuni différents acteurs impliqués dans la Médecine Sexuelle : urologues, andrologues, psychologues. Parmi les thèmes abordé cette année, on notait la chirurgie de réassignation sexuelle, les mutilations génitales féminines, la dysfonction érectile dans différents pays, le retentissement des fistules obstétricales sur la sexualité. Ce congrès était intégré à URODAK qui réunit tous les deux ans différentes socités sicientifiques principalement autour de l’urologie. Béatrice Cuzin a été invitée à réaliser uen conférence de la SFMS que vous trouverez en lien.

Le 20ème congrès de l’ESSM a eu lieu à Lisbonne du 28 février au 3 mars 2018, il s’agissait d’un congrès conjoint avec l’ISSM : le World meeting of Sexual Medecine. Ce congrès abordait de nombreuses thématiques comme à son habitude. Vous trouverez une synthèse des communications sur les dysfonctions sexuelles féminines réalisée par Sandrine Atallah en lien, les dysfonsctions sexuelles masculines seront rapportées dans le prochain bulletin. La SFMS avait également organisé un symposium  autour des douleurs, de l’éjaculation prématurée et des focus sur les nouveautés en Médecine Sexuelle

 

A travers la littérature

Femmes fontaines, une vérité qui dérange

Ce phénomène, connu depuis l’antiquité, n’a cessé d’intriguer hommes et femmes par son côté volontiers spectaculaire. Baptisé « femmes fontaines » par la psychanalyste et écrivaine Frédérique Gruyer, ce terme poétique que nous reprenons volontiers n’a pas cours chez nos amis anglo-saxons où l’on parle exclusivement de female ejaculation et de squirt (jaillir, gicler).

Il faut comprendre que dans leur esprit existe la possibilité  de deux phénomènes distincts. Il s’agit de femmes qui au moment d’une forte excitation sexuelle et pas exclusivement au moment de l’orgasme comme cela est souvent dit, expulsent un liquide de quantité variable, en jet ou en ruissèlement, pouvant atteindre dans certains cas la quantité d’un verre. Ce phénomène, connu de tout temps, fait partie de la culture érotique de certaines contrées, comme la région des grands lacs africains ou le Kunyaza est enseigné aux garçons pour faire « couler » les femmes. Notre société, à la recherche de plus de plaisir, ce qui n’est pas un reproche, va découvrir dans les années 80 l’existence du « point G ». Dès lors, nos pratiques sexuelles vont s’enrichir de stimulations de toutes sortes de cette zone et les femmes vont soudain se (re)mettre à couler, tant il est vrai que ce type de stimulation semble dans un grand nombre de cas associé à ce phénomène d’écoulement. De nombreux coachs en épanouissement sexuel (et quelques sexologues également) vont faire la promotion de ces pratiques, promettant d’atteindre un plaisir inégalé. Néanmoins, l’humain est curieux et aime bien comprendre l’inexpliqué. Il existera avant les années 2000 différentes hypothèses tentant d’expliquer le phénomène (abréaction, collection de « cyprine » s’accumulant au fond du vagin et expulsée lors de l’orgasme etc.) mais cela ne convainc personne. Les années 2000 vont consacrer les travaux de Milan Zaviacic sur la « prostate féminine ». À partir de là, ceux qui avaient regardé de près et avaient constaté que ce liquide sortait bien par l’urètre étaient rassurés, puisqu’il y avait une autre structure que la vessie (ce qu’ils redoutaient par-dessus tout), il s’agissait donc d’une éjaculation liée à la prostate féminine ! Qu’importe que toutes les femmes n’aient pas une prostate, qu’importe que celle-ci ne dépasse pas quelques grammes mais soit capable d’expulser néanmoins une quantité 60 fois supérieure à l’éjaculat masculin, le conte de fée était né. Pour leur épanouissement les femmes devaient apprendre à éjaculer. C’est dans ce contexte que nous avons mené notre recherche avec Samuel Salama. Le moins que l’on puisse dire est que le résultat ne fut pas du goût de tout le monde, pour des motifs très variés, allant de la destruction du mythe et de son entreprise commerciale sous-jacente à la culpabilisation des femmes, accusés d’être, à n’en pas douter, à l’origine d’une future vague d’anorgasmie féminine. Fort heureusement il n’en fut rien, les femmes fontaines avec qui nous avions conduit cette recherche ne furent pas plus gênées que ça des conclusions de notre travail et n’ont rien changé depuis à leurs pratiques sexuelles, bien au contraire elles furent ravies que le corps médical s’intéresse à la sexualité des femmes. Le traitement de l’information fut très inégal, suscitant gêne et embarras en France, ne suscitant que quelques entrefilets dans la presse grand public et le retrait de notre éditeur alors que des sites anglo-saxons rapportant nos travaux ont eu plus d’un million de vues sur ce sujet. Il est clair qu’entre adultes consentants nous avons bien le droit de nous envoyer en l’air comme bon nous semble, sans jugement de valeur, mais face aux réactions de notre corps pas toujours comprises, qui sont les plus coupables, ceux qui essaient de trouver la vérité ou ceux qui colporte des contes de fées (dont certains sexologues, on ne peut que le déplorer), marquant par là leur mépris à l’égard des femmes ?

Vous découvrirez ci-dessous l’histoire de ces femmes à travers les époques, les études montrant l’origine de ce liquide; encore une fois nous remercions toutes ces femmes qui nous ont fait confiance et se sont confiées à nous.

Bonne lecture !

Dr. Pierre Desvaux, Paris, France

 

Santé Sexuelle Féminine

Femmes fontaines : Une histoire déjà ancienne.
Extraits de: Femmes fontaines & éjaculation féminine: mythes, controverses et réalités de Samuel Salama, Pierre Desvaux et Sylvie Nordheim  2015 Ed: Néolibris
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Nature and Origin of « Squirting » in Female Sexuality
Salama S, Boitrelle F, Gauquelin A, Malagrida L, Thiounn N, Desvaux P.
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congrès

Points à retenir de l’ESSM 2018 concernant la sexualité féminine et ses dysfonctions.
Carol BURTE, d’après le travail de Sandrine ATTALAH
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