Editorial
Chers collègues et amis
Tout d’abord nos meilleurs vœux de santé, de réussite dans vos projets professionnels et familiaux dans un esprit de bienveillance nous devons tous nous attacher à préserver.
Vous trouverez dans ce nouveau bulletin, des textes de nos amis suisses, qui inaugurent nouveau format du bulletin de la SFMS, espace de partage privilégié des différentes sociétés francophones de médecine Sexuelle et Sexologie.
Le congrès suisse de Sexologie et de Médecine Sexuelle s’est tenu à Lausanne le 27 septembre 2018, notre collègue Carol Burte y a participé , et nous avons le plaisir de mettre à votre disposition trois textes de collègues membres de la SSS (Société Suisse de Sexologie) : Sandra Fornage (trésorière), Nicolas Leuba, Lakshmi Waber (président).
La place de la femme dans les médias, fait partie de ce nouveau bulletin, et Sandrine Atallah, nous propose des réflexions sur « Lilith ».
Cette année, un groupe de membres de la SFMS travaille sur des recommandations pratiques pour la prise en charge du déficit en testostérone, sous la responsabilité de Carol Burte. Mais ce numéro est là encore l’occasion pour nous de mettre à votre disposition, le travail sur le sujet réalisé par nos amis canadiens et présenté à l’occasion du 13 ème colloque québécois en santé de l’homme en avril 2018.
Autre thème, soutenu par la Fédération Française de Sexologie et de Santé Sexuelle (www.ff3s.fr) et dont la SFMS se fait le relai, est celui de la prévention de Infections Sexuellement Transmissibles, première cause d’infertilité, responsables du Sida, et de certains cancers et de maladies hépatiques et neurologiques graves. Face à l’augmentation du nombre de contaminations en particulier chez les jeunes, le remboursement du préservatif via la prescription médicale est possible en France depuis fin 2018.
2018, a été aussi l’année de l’attribution du prix Nobel de la paix, à notre collègue le gynécologue francophone, Denis Mukwege, pour son combat contre les violences de guerre au Congo, vous trouverez son remarquable discours en lien (https://youtu.be/whsRdYLvMw4).
Enfin, cette année encore notre société sera présente lors du congrès de l’ESSM qui se tiendra à Ljubljana du 14 au 16 février 2019. Nous présenterons un symposium conjoint avec l’AIUS en français. A l’occasion de ce congrès, nous serons amenés une nouvelle fois à défendre la candidature de la France pour le congrès ESSM 2021, la ville de Paris ayant été retenue comme candidate potentielle. Nous souhaitons que ce congrès soit l’occasion de rencontrer nos membres francophones de tous les pays.
Bonne année 2019 !
Béatrice Cuzin
Présidente SFMS
Articles Originaux
Femme objet, sex-toy des hommes
Sandrine Attalah, Beyrouth, Liban
Connaissez-vous Lilith ? La première femme d’Adam ? Non, rassurez-vous, il ne s’agit point la d’un cours de théologie mais d’une simple réflexion sur le statut des femmes dans les médias. Mais qui est donc Lilith ? On nous a tant rebattu les oreilles avec Eve, son serpent et sa pomme mais personne n’a daigné nous avouer l’existence de Lilith, sans doute la première féministe.
Syndrome de déficience en Testosterone : Schéma décisionnel
Par Jean Drouin, Quebec, Canada
Impact du Papillomavirus humain sur la sexualité féminine
Par Sandra Fornage, Morges, Suisse
Durant ma formation en gynécologie-obstétrique, j’ai travaillé six mois en consultation spécialisée de colposcopie. Cette consultation offfre un bilan complémentaire en cas de frottis du col de l’utérus suspect. J’ai constaté que de nombreuses patientes arrivaient catastrophées à cette consultation, surtout si c’était la première fois: elles avaient appris quelques jours plus tôt que leur frottis de dépistage du cancer du col était anormal !D’une part, elles étaient persuadées d’avoir un cancer, puisque le frottis de dépistage était positif.
D’autre part, elles exprimaient des inquiétudes par rapport à leur sexualité : comment avaient-elles pu attraper ce virus ? Etaient-elles contagieuses ? Devaient-elles modifier leurs habitudes sexuelles ? Devaient-elles mettre en doute la fidélité de leur partenaire ?
Les réactions par rapport à l’intrusion de ce virus dans leur intimité étaient en général fortes et au-delà de ce à quoi je m’attendais !
Sexualité, addiction et hypnose: l’émergence du choix et du plaisir
Par Lakshmi Waber, Genève, Suisse
Cet article a pour but d’évoquer l’apport à la sexothérapie de deux concepts fondamentaux issus de l’addiction et l’hypnose, à savoir l’automatisation et la dissociation et de voir comment ces deux éléments peuvent favoriser le choix et le plaisir chez nos patients.
Le phénomène de sécurité dans l’expérience sexuelle
Par Nicolas Leuba, Lausanne, Suisse.
Extrait de MediPsy.
Dans le champ de la psychologie, la théorie de l’attachement a apporté de nouvelles perspectives pour saisir la complexité de l’être humain tant du point de vue intrapsychique qu’interpersonnel. Elle a ouvert de nouvelles considérations qui ont également été reprises par la science sexologique. Nous savons aujourd’hui que les expériences relationnelles et affectives précoces, en particulier avec les figures parentales, influencent notre rapport à autrui, notre type d’attachement. De nombreuses recherches ont démontré des corrélations entre ce style d’attachement individuel et la sexualité. L’être humain peut se sentir serein ou au contraire anxieux dans les liens relationnels et sexuels. Birnbaum (2015) observe que les sujets ayant un attachement insécure ont statistiquement plus de risques de développer un trouble sexuel. L’anxiété de performance est plus fréquente lorsque l’attachement est insécure (Birnbaum et al., 2006). Un attachement évitant est associé avec un inconfort dans la sexualité, car l’intimité interpersonnelle est source de malaise. Les partenaires évitants ont moins de contacts sexuels (Brassar, Shaver & Lussier, 2007) que les individus sécures ou insécures anxieux. L’attachement anxieux, quant à lui, rend le sujet plus sensible aux dysfonctionnent sexuels du partenaire : il s’identifie aux causes du problème et s’en sent responsable. Les personnes insécures anxieuses ont davantage de rapports sexuels à risque car elles cherchent une proximité relationnelle pour se rassurer affectivement (Mikulincer & Shaver, 2016). La recherche a démontré qu’un attachement sécure favorise une sexualité plus épanouie. Comment la thérapie sexologique peut s’inspirer de ce constat pour aider les personnes en souffrance ?
En effet, le sexothérapeute se trouve fréquemment confronté aux insécurités du sujet qui consulte. Peur de l’intrusion, appréhension de la douleur, angoisse de performance sont diverses façons de verbaliser ces sentiments négatifs dans le cadre d’une plainte sexuelle. Il accueille ces insécurités et apprend à les reconnaître. Cependant, autant les cliniciens que les chercheurs sont bien empruntés pour donner une définition consensuelle de ce phénomène. Absence de manifestations de stress physiologique ? Sentiment de fiabilité dans le lien à l’autre ? Absence d’un sentiment de danger ? Le sentiment de sécurité est un phénomène complexe.
Dans le cadre d’une sexothérapie et ce, dès l’établissement du status sexologique, le spécialiste construit un espace thérapeutique rassurant au sein duquel le sujet pourra alors dévoiler ses souffrances, ses peurs et ses vulnérabilités. L’acquisition d’un sentiment de sécurité est avant tout un processus interpersonnel. L’individu intériorise à partir de son expérience relationnelle des stratégies pour se rassurer. En ce sens, la rencontre entre le sexothérapeute et son patient est en soi sécurisante. Mais le thérapeute peut aller plus loin en accompagnant le sujet à explorer le sentiment de sécurité tel qu’il apparaît pour lui. Dans une approche phénoménologique, il l’accompagne vers une prise de conscience de ce qui compose un acte sexuel sécure, et l’aide à comprendre comment cette expérience peut être activement mise en place dans une sexualité concrète. Une sexothérapie centrée sur le développement de ce sentiment est une approche positive et respectueuse des particularités de chacun.
Agenda
ESSM 2019 – Pre-Programme du Symposium AIUS/SFMS
Jeudi 14 février 13h-15h
13:00-14:20 – Table ronde/round table : Les enjeux du millénaire : quelle médecine sexuelle pour les jeunes générations ?/The Millennium Challenge: What Sexual Medicine for the Young Generation? Chairs: B Cuzin (France), E Huyghe (France), moderator: C Burte (France)
13:00-13:05 – Introduction : de X à Z : quelques clefs sur les générations/ Introduction: from X to Z: some keys on the generations : B Cuzin
13:05-13:15 – De l’épidémiologie à la prévention : quelle médecine sexuelle pour la prise en charge de la santé sexuelle des générations Y-Z/ From epidemiology to prevention: which sexual medicine for the management of the Sexual Health of generations Y-Z
13:05-13:35 – Expérience de la France : ML Gamet/L Grellet/E Huyghe
13:35-13:50 – Experience de la Tunisie : MK Cherif (Tunisia)
13:50-14:10 – Contraception féminine chez les jeunes générations : J Bitzer (Switzerland)
14:10-14:20 – Discussion
14:20-14:40 – Etat de l’Art : La pharmacologie dans la prise en charge des dysfonctions sexuelles feminines : S Attalah (Lebanon)
14:40-15:00 – Lecture : Traitement de Remplacement de la Testostérone et prostate : LO Torres, ISSM president, (Brazil)