Le 8e Congrès Annuel de la Middle East Society for Sexual Medicine (MESSM) a rassemblé des experts internationaux pour aborder les avancées majeures en médecine sexuelle, les défis sociétaux et les innovations technologiques.
Parmi les sessions les plus marquantes, celle dédiée au partenariat Movember-ISSM a particulièrement retenu l’attention.
La session Movember, animée par les Drs Sandrine Atallah et Gerald Brock, a mis en lumière les premières directives internationales pour améliorer la prise en charge de la santé sexuelle des patients atteints de cancer de la prostate. Ces recommandations visent à atténuer les impacts négatifs des traitements sur la sexualité et à restaurer l’intimité des patients et de leurs partenaires. Les intervenants ont insisté sur l’importance d’un dialogue ouvert entre cliniciens, patients et partenaires, en intégrant des solutions biopsychosociales adaptées aux contextes culturels variés.ine
Parmi les points essentiels abordés, l’impact des traitements comme la radiothérapie, la chirurgie et l’hormonothérapie sur la fonction sexuelle a été largement discuté. Les directives mettent également en avant des stratégies innovantes de réhabilitation, incluant la réhabilitation pénienne, la prise en charge des dysfonctions spécifiques comme l’anorgasmie ou la climacturie, et le rôle crucial des partenaires dans le processus de guérison. Dr Brock a également présenté les efforts mondiaux de Movember, avec un financement de 750 000 USD pour soutenir la diffusion de ces directives dans plusieurs pays.
Cette session a souligné le rôle fondamental des professionnels de santé dans l’intégration proactive de la santé sexuelle dans les protocoles de soins oncologiques. Les discussions ont permis de mettre en lumière les lacunes actuelles dans la prise en charge et d’encourager une approche centrée sur le patient, combinant éducation, innovation et humanité.
Pour plus d’informations sur cette initiative, visitez www.issm.info/movember.
Un autre moment marquant du congrès fut la session sur la psychosexualité et le vaginisme, modérée par les Drs Abdel-Maguid Ramzy et Mona Reda. Les discussions ont souligné l’importance d’une approche intégrative combinant thérapies psychologiques, traitements médicaux et sensibilisation culturelle pour répondre aux besoins spécifiques des patientes. L’implication des partenaires a également été identifiée comme un facteur clé dans le processus de guérison et de soutien émotionnel.
Sous la modération des Drs Wafaa Eltantawy et Abdel-Maguid Ramzy, la session intitulée Santé sexuelle féminine – Approches Régionales et Globales a mis en lumière les défis spécifiques rencontrés par les femmes dans le domaine de la santé sexuelle au Moyen-Orient. Les discussions ont souligné l’importance d’adopter des traitements adaptés aux sensibilités culturelles pour répondre aux besoins des patientes. Les intervenants ont insisté sur l’éducation préventive, notamment en fournissant des informations claires avant que les troubles sexuels ne deviennent un problème clinique. Ils ont également recommandé de favoriser un dialogue ouvert entre patientes et cliniciens sur des thèmes sensibles comme le plaisir, le désir et la satisfaction sexuelle. Une approche biopsychosociale intégrant des thérapies hormonales, psychosexuelles et médicales a été présentée comme la clé d’une prise en charge efficace.
les troubles sexuels féminins, étant complexes et multifactoriels, nécessitent un dépistage, une évaluation et une prise en charge holistiques.
Le rôle de l’estradiol et de la progestérone dans la sexualité féminine est bien établi. La thérapie œstro-génitale vaginale à faible dose est efficace pour traiter l’atrophie urogénitale et améliorer la fonction sexuelle.
Les androgènes, récemment remis au premier plan, jouent un rôle clé dans la régulation des comportements sexuels et non sexuels chez les femmes.
Le Dr Slim a élaboré cette illustration résumant ses recommandations :
Une autre présentation a concerné l’impact du chemsex et de la consommation récréative des IPDE5 sur la santé sexuelle.
Le chemsex désigne l’usage de drogues psychoactives pour intensifier l’expérience sexuelle, comme la méthamphétamine, le GHB, la cocaïne ou l’ecstasy. Bien que ces drogues augmentent temporairement la libido, elles peuvent entraîner des dysfonctions sexuelles, des comportements sexuels à risque et une dépendance psychologique. Les risques incluent également des effets sur la santé mentale (anxiété, dépression) et physique (troubles cardiovasculaires, lésions corporelles dues à des rapports prolongés ou violents). De plus, la consommation de ces substances augmente le risque de transmission d’IST.
Les IPDE5, utilisés pour traiter la dysfonction érectile, sont parfois pris à des fins récréatives. Bien que cela améliore temporairement la fonction érectile, cela peut entraîner une dépendance psychologique à la performance sexuelle et des effets secondaires comme des maux de tête, des troubles visuels ou des problèmes cardiaques. Une consommation excessive peut causer une dysfonction érectile induite par le médicament et des risques graves lorsqu’ils sont combinés avec d’autres substances, comme des nitrates.
Le chemsex et la consommation récréative d’IPDE5 peuvent avoir des effets négatifs sur la santé sexuelle, en particulier en termes de dysfonctionnement sexuel, de dépendance et de comportements à risque. Il est crucial d’adopter une approche globale de la santé sexuelle, incluant l’éducation, la prévention et le traitement des troubles associés à ces pratiques.
Animée par le Dr Kamal Shaeer, la session intitulée Innovations en Andrologie – Techniques Chirurgicales et Réhabilitation a exploré les dernières avancées dans les techniques chirurgicales, avec un accent sur les prothèses péniens comme les dispositifs AMS 700 et Tactra. Les participants ont bénéficié de démonstrations pratiques et d’études de cas mettant en avant la précision nécessaire au choix des implants. Le rôle crucial d’un accompagnement psychologique pré- et post-opératoire a été souligné pour améliorer l’adaptation des patients aux implants. Les intervenants ont également mis en avant l’importance de la formation continue des chirurgiens et de la réhabilitation sexuelle post-chirurgicale pour maximiser les résultats fonctionnels.
Lors du débat sur les réseaux sociaux et l’éducation sexuelle, le Dr Marwan Alsafadi a présenté cinq recommandations clés pour guider les professionnels de santé dans leur engagement en ligne : maintenir une crédibilité en s’appuyant sur des preuves scientifiques, éviter une simplification excessive des sujets complexes, adapter le contenu aux attentes d’un public diversifié, créer un équilibre entre sensibilisation et responsabilité pour prévenir les comportements à risque, et se former aux outils de communication numérique. Les réseaux sociaux, bien qu’incontournables pour toucher les jeunes, sont aussi un terrain propice à la désinformation. Les intervenants ont insisté sur le rôle essentiel des experts pour diffuser une éducation sexuelle fiable, éthique et adaptée, afin de répondre aux besoins croissants de sensibilisation dans cet espace numérique.
Une session dédiée aux dysfonctions sexuelles masculines, moderée par le Dr Gerald Brock, a mis en avant les avancées dans les traitements de la dysfonction érectile et les innovations en matière d’implants péniens. L’accent a été mis sur les nouvelles technologies telles que les thérapies par onde de choc et les dispositifs améliorés offrant une satisfaction accrue des patients, tout en soulignant l’importance de stratégies personnalisées pour gérer les complications.
Sous la modération des Drs Mohammed Issa et Yaman Altal, la session intitulée Intelligence Artificielle et Médecine Sexuelle – Opportunités et Défis a exploré le rôle croissant des technologies numériques dans la prise en charge des troubles sexuels. Les intervenants ont discuté des outils innovants comme les chatbots, les applications mobiles et la réalité virtuelle, qui offrent un potentiel prometteur pour compléter les consultations traditionnelles. Cependant, ils ont souligné la nécessité d’une validation clinique rigoureuse pour garantir leur efficacité et leur sécurité. L’utilisation éthique de ces technologies, notamment en matière de respect de la vie privée des patients, a également été abordée. Enfin, les participants ont recommandé de développer des solutions adaptées aux besoins locaux et culturels pour maximiser leur adoption et leur impact clinique.
Enfin, Modérée par les Drs Ahmed El-Sakka et Mona Reda, la session intitulée Défis de la sexualité dans les soins oncologiques a abordé la nécessité d’intégrer la santé sexuelle dans les protocoles de soins oncologiques. Les intervenants ont mis l’accent sur l’importance d’initier des discussions proactives sur les impacts sexuels des traitements, dès le diagnostic, pour mieux préparer les patients. L’implication des partenaires a été identifiée comme un élément essentiel pour renforcer le soutien mutuel et améliorer la réhabilitation. Une approche combinant interventions médicales, psychologiques et éducatives a été recommandée pour restaurer l’intimité des patients. La formation des équipes de soins à aborder ces thèmes sensibles a également été soulignée comme un levier important pour normaliser ces conversations dans la pratique clinique.
Le 8e Congrès Annuel de la MESSM a permis d’aborder des thèmes variés et cruciaux, tout en renforçant l’importance de l’éducation, de l’innovation et d’une approche culturelle dans la médecine sexuelle. Les professionnels présents ont pu bénéficier d’une mise à jour complète des connaissances et des pratiques, avec pour objectif d’améliorer la qualité de vie des patients.
Pour plus d’informations ou pour accéder aux ressources des sessions, visitez www.messm.org.