La pandémie due au coronavirus (COVID-19) a changé radicalement notre façon de vivre, quel que soit le pays. Des mesures de distanciation sociale ont été prises, allant jusqu’à des périodes de confinement plus ou moins longues selon les régions du monde. Dans ce contexte, il est important de réfléchir à ce que deviennent les relations humaines et en particulier la sexualité pendant cette période de crise : C’est notamment ce qu’a fait une équipe en s’intéressant à la sexualité féminine au temps du COVID-19, dans un des pays les plus touchés : l’Italie.
Cette étude observationnelle incluait des patientes adultes de 18 à 45 ans et sexuellement actives ayant consulté dans 3 centres : de gynécologie, de médecine de la reproduction et de statique pelvienne, entre février 2018 et février 2020. Toutes ont répondu lors de leur premier rendez-vous à différents questionnaires de sexualité et de qualité de vie, dont : le Female Sexual Function Index ( FSFI) , le Female Sexual Distress Scale ( FSDS) et le 36-Item Short Form Survey ( SF-36).
Au moins 4 semaines après le début du confinement, elles ont été invitées à répondre à nouveau à ces questionnaires, adressés par e-mail.
L’objectif principal de cette étude était de savoir si la sexualité de ces patientes avait été impactée du fait du confinement. L’objectif secondaire était de savoir si la qualité de vie globale avait été impactée.
Au total, 89 patients ont été étudiées :
- Le nombre moyen de relations sexuelles mensuelles a diminué de façon significative
- Le score FSFI a diminué de manière significative
- Le score FSDS a augmenté de façon significative
- Le SF-36 a montré également un changement significatif.
Les scores le plus bas du FSFI ont été retrouvés chez les patientes travaillant en dehors de la maison, de plus haut niveau d’éducation et avec une parité supérieure à 1.
L’équipe conclue que la pandémie du COVID-19 et les mesures de distanciation sociale affectent négativement la sexualité et la qualité de vie de ces femmes.
Ces résultats confortent ce que nous pressentions au travers de notre pratique quotidienne : pour la plupart de nos patients (es) la période n’a pas été propice à la sexualité, pour certains, la sexualité était inchangée alors que pour quelques-uns seulement, elle a été favorisée par le confinement. Alors que nous aurions pu imaginer que te temps libre et la proximité physique allaient pouvoir être bénéfiques à la vie sexuelle, c’est plutôt le contraire qui s’est produit.
Ceci peut sans doute se comprendre par exemple par :
- Le climat général très anxiogène dans cette période, alimenté au quotidien par la presse
- La peur de la contamination, particulièrement pour les couples où l’un des deux travaillait à l’extérieur.
- Les conditions du confinement pour certains, comme par exemple la présence d’enfants à la maison dans un petit logement.
- Le fait d’employer le temps à des taches fatigantes (bricolage, jardinage).
Des paramètres comme l’ancienneté de la relation, la sexualité antérieure et en particulier la place de la sexualité dans la vie de couple, sont bien sûr à prendre en considération.
Carol BURTE
A propos d’une publication récente :
Love in the Time of COVID-19: Sexual Function and Quality of Life Analysis During the Distancing Measures in a Group of Italian Reproductive-Age Women.
Michele Carlo Schiavi, Vincenzo Spina et al. J Sex Med 2020 :17 :1407-1413