Une absence de surmortalité pour le cancer de la prostate et pour les maladies cardiovasculaires chez les patients traités par testostérone.

Même si le traitement substitutif de testostérone, dans le déficit lié à l’âge chez l’homme, inspire de moins en moins de crainte, la vigilance se poursuit concernant la sécurité du traitement. L’étude de cohorte longitudinale, réalisée en Finlande avec un suivi de 18 ans, et comportant un groupe témoin apporte de nouveaux éléments rassurants, ses résultats sont résumés ci-dessous :

Titre de l’article : Le traitement substitutif de testostérone n’est pas associé à une augmentation de l’incidence du cancer de la prostate, ni à la mortalité spécifique du cancer de la prostate ou mortalité spécifique cardiovasculaire chez les hommes finlandais

Référence originale : Siltari A, Murtola TJ, Kausz J, Talala K, Taari K, Tammela TL, Auvinen A. Testosterone replacement therapy is not associated with increased prostate cancer incidence, prostate cancer-specific, or cardiovascular disease-specific mortality in Finnish men. Acta Oncol. 2023 Dec;62(12):1898-1904.

ABSTRACT
Contexte : Des inquiétudes ont été exprimées quant à la sécurité de la thérapie de remplacement de la testostérone (TRT) chez les hommes atteints d’hypogonadisme tardif (LOH). Des études antérieures ont montré des résultats controversés concernant l’association du TRT avec un risque d’événements cardiovasculaires ou d’un cancer de la prostate CaP (incidence, agressivité et mortalité). Cette étude explore le risque global de CaP et le risque selon le grade et le stade de la tumeur, ainsi que la mortalité par CaP et maladies cardiovasculaires (MCV), chez les hommes traités par TRT par rapport aux hommes sans LOH et sans utilisation de TRT.
Matériels et méthodes : L’étude a inclus 78 615 hommes âgés de 55 à 67 ans, issus de l’étude finlandaise randomisée sur le dépistage du cancer de la prostate (FinRSPC). Le suivi a commencé lors de la randomisation et s’est terminé au décès, à l’émigration ou à une date de clôture commune, le 1er janvier 2017. L’analyse statistique a utilisé la regression de Cox avec variables dépendantes du temps et ajustement en fonction de l’âge, du groupe d’essai, de l’utilisation d’autres médicaments et de l’indice de comorbidité de Charlson. Des informations complètes sur les achats de TRT entre 1995 et 2015 ont été obtenues à partir de la base de données nationale finlandaise sur les prescriptions. Les cas de CaP ont été identifiés à partir du registre finlandais du cancer et les causes de décès ont été obtenues auprès de Statistics Finland.
Résultats : Au cours des 18 années de suivi, 2 919 hommes étaient sous TRT et 285 cas de CaP ont été diagnostiqués parmi eux. Les utilisateurs de TRT n’ont pas présenté d’incidence ou de taux de mortalité de CaP plus élevés que les non-utilisateurs. Au contraire, les hommes utilisant le TRT présentaient une mortalité par CaP plus faible que les non-utilisateurs (HR=0,52 ; IC à 95 % 0,3–0,91). De plus, les utilisateurs de TRT présentaient une mortalité par maladies cardiovasculaires et toutes causes confondues légèrement inférieure à celle des non-utilisateurs (HR=0,87 ; IC à 95 % 0,75-1,01 et HR=0,93 ; IC à 95 % 0,87-1,0, respectivement). Aucune dépendance au temps ou à la dose de l’utilisation du TRT n’était évidente dans aucune des analyses.
Conclusion : Les hommes utilisant le TRT n’ont pas eu un risque accru de CaP et n’ont pas connu d’augmentation de la mortalité spécifique du CaP ou aux maladies cardiovasculaires par rapport aux non-utilisateurs. D’autres études portant sur les taux sanguins de testostérone seraient justifiées.

Enfin, il convient de souligner les points forts de cette étude comme la qualité des données collectées en Finlande car les registres sont précis et complets, maximisant la comparabilité et minimisant l’erreur de classification différentielle. Par exemple, tous les remboursements des achats de TRT sont consignés dans la base de données prescription. Cependant, seules les informations sur les achats de médicaments étaient disponibles et non leur utilisation. De plus, il manquait des informations sur les taux sériques de testostérone des patients et des hommes atteints de déficit en testostérone, mais sans utilisation de TRT. Enfin les causes des décès ont été obtenues auprès du registre des causes de décès, qui est fiable pour le décès spécifique du Ca P.

Béatrice Cuzin